Bodhicharyāvatāra
བྱང་ཆུབ་སེམས་པའི་སྤྱོད་པ་ལ་འཇུག་པ།།
Groupe d'Étude avecVén. Lama Sangyay Tendzin
Chapitre DEUX (Suite)
Session 10 - le 13 mars 2021
Bonjour,
Apprécions le fait que nous sommes à nouveau dans la situation méritoire d'écouter et d'étudier le précieux Dharma. Commençons par les prières traditionnelles :
REFUGE
MANDALA
REQUÊTE des enseignements
Invocation par le Lama…
Je vous invite à engendrer un esprit positif, orné de foi dans le Bouddha Dharma. Ceci est essentiel pour en obtenir les bénéfices.
MÉDITATION
Poursuivant la manière élaborée de présenter des offrandes qui n'appartiennent à quiconque, nous avons terminé notre session précédente en mentionnant qu'il y a quatre caractéristiques à garder à l'esprit tout en faisant de telles offrandes.
Parmi celles-ci, les deux premières ont été expliquées. Je vous les rappelle brièvement :
- Quantitativement, engendrez des offrandes illimitées s'étendant jusqu'aux confins de l'espace.
- Qualitativement, engendrez des offrandes exemptes de négativité, car elles n'appartiennent à personne. À Uttarakuru, où les êtres sont naturellement dotés d'une grande discipline éthique, ils demeurent sans envie ni arrogance puisque tout ce qu'ils souhaitent, se manifeste spontanément. Mentalement, nous possédons ces aptitudes et donc abandonnons la négativité.
Les deux caractéristiques suivantes sont décrites dans la strophe suivante :
Chapitre 2 : Strophe 6
Bien établis dans mon esprit, je les offre pleinement à vous, Ô Puissant Sage,
Sublime parmi les Êtres, ainsi qu'à vos descendants spirituels.
Ces objets d'offrande sanctifiés, vous qui possédez une grande compassion,
Pensez à moi avec complaisance et acceptez-les.
- Les offrandes sont faites mentalement. Néanmoins, en les gardant bien présentes à l'esprit, nous agissons comme si elles étaient notre propriété et les offrons sans réserve. Ceci nous permet de lâcher l’attachement et l’avarice.
- Elles sont offertes au Seigneur Bouddha, Puissant Sage qui, accompagné de son entourage de Bodhisattvas, est capable d'agir spontanément et sans restriction avec le corps, la parole et l'esprit ; Lui, le plus vaillant des six classes des êtres et le plus grand des humains.
De plus, lorsque l'offrande est bien faite avec l'intention que la précieuse Bodhichitta prenne naissance dans l'esprit, même modeste, elle produira un grand résultat, car les Bouddhas sont leurs parfaits destinataires.
Ceci est illustré par l’histoire d’Ashoka, dont la dignité en tant que roi du Dharma était due au fait qu’il avait, dans une vie antérieure, placé une poignée de sable dans le bol de mendicité du Bouddha.
Chapitre 2 : Strophe 7
Manquant de force karmique positive, je suis extrêmement pauvre
Et ne possède rien d’autre de précieux à offrir.
Par conséquent, Protecteurs dont les pensées sont pour le bien des -êtres,
Acceptez-les par la force de votre considération à mon égard.
Shantidéva explique qu'il est dépourvu de mérite, qui résulte de la générosité et d'autres vertus accomplies dans le passé. Pour cette raison, il est pauvre dans sa vie actuelle et n’est, pour ainsi dire, qu’un mendiant insignifiant. Hormis les articles qui viennent d'être décrits, il ne possède rien de bon à offrir.
Par conséquent, Shantidéva prie les Seigneurs de la Compassion, les sublimes destinataires de ses offrandes, qui sont sans tromperie ni ruse et sont immuables dans leur désir d'aider les êtres, qu'ils puissent penser à lui avec amour et accepter ses dons. Ceci est conforme à l'éthique du don. Le don accepté permet la vacuité des trois cercles.
Si, à notre tour, nous pouvons faire des offrandes de cette manière, il s'ensuit que, puisque les Bouddhas et les Bodhisattvas sont dotés de sagesse et d'habileté compatissante et sont maîtres de pouvoirs miraculeux inconcevables, ils accepteront également notre oblation, nous permettant ainsi d'accomplir notre accumulation de mérite et de nettoyer nos souillures.
Chapitre 2 : Strophe 8
Tous mes corps que j'offre pour l'éternité
À vous, le Triomphant et à votre progéniture spirituelle.
Êtres Suprêmes, veuillez m'accepter pleinement.
Respectueusement, je vous servirai comme attendant.
Aux Bouddhas, les Seigneurs Victorieux, qui ont vaincu les quatre maras, et à la multitude de leur progéniture, les Bodhisattvas, Shantidéva, désormais et pour toutes ses vies futures, fait une offrande constante et ininterrompue de son propre corps, si précieux et utile pour lui.
Il supplie les héros suprêmes, les Bouddhas et les Bodhisattvas, les Seigneurs des trois lignées (ici, ceci signifie Avalokiteshvara, Manjushri et Vajrapani) et ainsi de suite, de l'accepter complètement et de l'adopter comme l’un des leurs. Devenu ainsi leur sujet respectueux de corps, parole et esprit, il s'engage à réaliser tous leurs souhaits.
Chapitre 2 : Strophe 9
Complètement sous votre protection et donc sans peur
De l'existence compulsive, je bénéficierai des êtres limités.
Je transcenderai parfaitement ma précédente force karmique négative
Et désormais, ne commettrai plus jamais d'actes négatifs.
Maintenant qu'ils l'ont pleinement accepté comme serviteur et en ont fait un des leurs, Shantidéva promet qu'il agira selon leur bon plaisir. Car, bien qu'il soit lui-même toujours dans le samsara, il œuvrera pour le bénéfice des autres, sans craintes des souffrances qu’il pourrait endurer.
Il promet d'accomplir le bien-être et le bonheur des êtres. Mais voyant que toute action négative qu'il a commise est préjudiciable à la bonne réputation et à la renommée des Bouddhas et Bodhisattvas, il avoue toutes ses actions erronées passées et décide dorénavant de s'en abstenir.
Ceci est tout à fait essentiel et nous aussi, nous arriverons à un point où nous pourrons nous identifier à cela. Quoi qu'il en soit, nous parviendrons à nous résoudre qu'à partir de ce moment précis, nous nous abstiendrons de continuer à commettre des actes non-vertueux. Cela coupera nos liens avec la souffrance et nous permettra d'adopter l'esprit d’éveil ou Bodhicitta, plutôt que d’en avoir une simple pensée de temps en temps.
Chapitre 2 : Strophe 10
Aux salles d'ablution, délicieusement parfumées,
Avec des sols en cristal, transparents et polis jusqu’à l’éclat,
Ayant de beaux piliers, brillants de pierres précieuses,
Et couronnés de baldaquins, rayonnant de perles,
Vient maintenant l’offrande très spéciale d'un bain cérémonial.
Pour se purifier et purifier les êtres, afin de laver les impuretés du corps, de la parole et de l'esprit, Shantidéva offre une cérémonie d’ablution aux Bouddhas et Bodhisattvas, même si ces derniers sont totalement immaculés.
Dans l'espace devant lui, Shantidéva visualise une ou plusieurs salles d’eau, parfaitement parfumées de santal, de camphre, etc. Le sol est fait de cinq types de cristaux, purs et transparents, magnifiquement travaillé avec des motifs incrustés ; il est lisse, étincelant et brillant.
Quatre piliers gracieux, colorés selon les quatre directions cardinales, étincelant du miroitement panaché des sept sortes de pierres précieuses et des cristaux qui les composent. Pour retenir l’eau du bain, ces piliers sont reliés à leur base par un muret, arrivant au niveau de la taille d’un humain.
Ces murets sont décorés de quatre balustrades. Le tout est surmonté d'un plafond, dont la surface intérieure est ornée de baldaquins étincelants de cinq sortes de perles et autres bijoux, ainsi que de banderoles de soie, de parasols, bannières de victoire, fanions et pendentifs. L’ensemble est d’une beauté sublime ; tout comme le palais des déités dans les pratiques de Kyed-rim que nous pratiquons régulièrement.
Le toit de ces salles s'ouvre vers le haut pour laisser apercevoir un second toit de style chinois, orné d'une gemme qui comble les souhaits comme ornement de couronnement.
Shantidéva imagine que, dans ces salles, des trônes en pierres précieuses ont été disposés, prêts à accueillir et asseoir les hôtes.
Chapitre 2 : Strophe 11
Je vous invite, Ainsi-Allés et votre progéniture spirituelle,
Et baigne vos corps, encore et encore, par de nombreux vases ornés de joyaux,
Emplis à ras-bord d'eau parfumée et d’autres substances délicieuses,
À l'accompagnement de chants et de musique.
Les Bouddhas sont ainsi invités. Bien que leur esprit ne s'éloigne jamais de la sagesse du Dharmakaya, ils apparaissent néanmoins selon les besoins des êtres dans le Rupakaya, démonstration illusoire de la sagesse primordiale. Accompagnés d'innombrables Bodhisattvas, ils déposent parures et vêtements sur les balustrades décrites précédemment.
Puis, se visualisant soit sous sa propre forme, soit sous la forme de déesses d’offrandes qu’il aura émanées, Shantideva revêt les Bouddhas de robes de bain blanches translucides après les leur avoir offertes.
Avec des récipients inclinés : de grands vases exquis, ornés de lapis-lazuli et d'autres matières précieuses, emplis aux deux tiers d'eau parfumée, d'onguents purifiants et de parfums, Shantidéva baigne les bouddhas.
Pendant tout ce temps, des déesses d'offrande, époustouflantes de beauté, se tiennent sur les terrasses extérieures de la salle d’ablution. Elles chantent des prières mélodieuses et des louanges célébrant les hauts faits des Bouddhas, alors que d'autres les accompagnent à la flûte et au tambour. C'est ainsi que se déroule l'offrande cérémoniale du bain.
Lorsque les bains sont vidés, imaginez que les eaux du bain s'écoulent du ciel et nettoient toutes les mauvaises actions et toutes les souillures des êtres, tant les siennes que celles des autres. Plus précisément, cette eau apaise toutes les mauvaises intentions et la méchanceté violente des dieux locaux, des propriétaires de la terre - tous les esprits et démons assoiffés de sang, et toutes les forces maléfiques qui sont à l'origine de épidémies, mettant ainsi fin aux maladies des êtres humains et des animaux. Imaginez alors que la précieuse Bodhicitta prend naissance dans leur esprit.
Chapitre 2 : Strophe 12
Je sèche alors vos corps avec des étoffes incomparables,
Propres et soigneusement oints de parfum,
Et vous présente ensuite, êtres sacrés,
Des robes bien parfumées aux teintes harmonieuses.
Puis avec des tissus immaculés d'une qualité extraordinaire, des étoffes célestes et de la soie Bénarès, avec des serviettes de bain parfumées avec du talc médicinal odorant, Shantidéva sèche les corps des Bouddhas et des Bodhisattvas.
Tous ces textiles, peignoirs de bain, serviettes et autres, se transforment ensuite en une lumière rouge de bénédictions et de réalisations et se dissolvent en son front et dans celui des êtres, plus spécifiquement au point entre les sourcils.
Avec une telle pensée, il est compris que toutes les qualités de la sagesse primordiale sont acquises.
Une fois leurs corps séchés, des offrandes sont faites aux Bouddhas nirmanakayas (qui adoptent la conduite monastique) de toutes les tenues des grands ordonnés : les treize articles de subsistance, tels que les trois robes du Dharma, parfaitement teintes dans les trois couleurs permises : rouge, bleu et safran. Un nombre illimité de ces robes précieuses et parfumées sont offertes.
Chapitre 2 : Strophe 13
D'excellents vêtements, fins et soyeux,
Et de centaines de bijoux de premier choix, de ceci, de cela,
Je vous pare, Aryas Samantabhadra, Manjushri,
Lokeshvara et les autres.
A nouveau, Khenchen Kunpäl reprend dans son commentaire les précieux enseignements des descriptions faites par Patrul Rinpoche :
Aux Sambhogakayas, qui apparaissent sous les traits de chakravartins s'adonnant à la jouissance des plaisirs, les offrandes sont faites de vêtements incomparables confectionnés de matériaux célestes inestimables, extrêmement fins, légers et doux au toucher, dans des couleurs et des motifs variés.
En tout, les cinq soieries : le boléro aux manches courtes qui confère au corps la félicité du samadhi ; le vêtement supérieur de soie blanche tissé d'or ; le vêtement inférieur multicolore ; les pendants de différentes soies et une ceinture.
En faisant cette offrande de vêtements, faites le souhait que tous les êtres, soi-même et les autres, soient revêtus d'un sens de conscience morale concernant leur propre conduite ainsi que leur opinion et les sentiments vis-à-vis des autres.
Quant aux parures de bijoux, les huit parures précieuses : le diadème d'or incrusté de lapis-lazuli et de perles, les boucles d'oreilles, les colliers - courts, moyens et longs -,; les bracelets, bracelets de cheville et les ceintures : tout ceci est offert sans limite.
De la même manière, on revêt les nobles Samantabhadra, Manjughosha, et Avalokita, Seigneur du Monde, ainsi que tous les autres : Vajrapani, Kshitigarbha, Maitreya, Akashagarbha et Sarvanivaranavishkambhin.
Ce faisant, faites le souhait que tous les êtres soient honorés des 112 marques majeures et mineures de l’Éveil.
Ce sera tout pour aujourd'hui ; demeurons quelques instants dans la quiétude et dédions cette séance pour le bénéfice de tous.