Bodhicharyāvatāra

བྱང་ཆུབ་སེམས་པའི་སྤྱོད་པ་ལ་འཇུག་པ།།

Groupe d'Étude avecVén. Lama Sangyay Tendzin

Chapitre DEUX

Session 12 - le 10 avril 2021

 

Bonjour,

Salutations à toutes & à tous, communauté monastique, upasikas, upasakas ainsi que tous les pratiquant(e)s du Dharma. Faisons ensemble le souhait que nous puissions poursuivre et terminer le présent webinaire sans rencontrer d’obstacle.

Parmi les multiples aspects positifs des épreuves que nous a imposé la pandémie, nous avons appris à mieux maitriser les technologies de communication et pouvons désormais dépasser les contraintes de lieu et de temps. Ceci nous donne la possibilité de nous engager dans l’étude approfondie de textes bouddhiques essentiels tel que le Bodhicaryâvatâra.

Je prie pour que ce travail nous bénéficie tous, au gré de notre progression dans cette étude et la pratique qui s’ensuivra. Puissiez-vous rapidement faire l’expérience de la félicité bienheureuse du Samâdhi supérieur et de la sagesse.

Une telle réalisation vient d'un véritable abandon de soi et d’une confiance absolue dans les trois racines et les trois joyaux C’est cette confiance qui permet d’inspirer un esprit dédié à la pratique régulière de la Bodhichitta d’application.

L'activité que nous sommes sur le point d’entreprendre, celle d'écouter le précieux Dharma, est d'une grande importance car elle nous relie à notre vraie nature. Dès lors commençons par les récitations traditionnelles de la prise de refuge, de la Bodhichitta, et de l’offrande du Mandala pour conclure par la requête des précieux enseignements.

REFUGE – MANDALA - REQUÊTE

Invocation du Lama – Quiétude mentale

 

La semaine dernière, nous nous sommes arrêtés à la strophe 23, concluant les offrandes multiples par celle de l'offrande d'éloges mélodieux. Toutes ces offrandes grandioses ont pour conséquence d’élargir considérablement notre esprit tout en permettant d’accumuler un mérite extraordinaire. 

Un tel mérite est indispensable afin de nous rapprocher des Bouddhas et Bodhisattvas afin que nous puissions nous engager dans la confession de nos actes négatifs. Il ne s’agit pas de formalisme mais d’authenticité.

Ensuite, nous engendrons une grande vénération en montrant notre appréciation, notre dévotion et notre respect envers les récipients de notre confession.

 

Chapitre deux - Strophe 24 :

À tous les bouddhas qui vont par les trois temps, 

Aux enseignements et à l’assemblée suprême 

Je rends l’hommage de mes prosternations 

Avec autant de corps qu’il y a d’atomes dans l’univers.

 

Shantidéva nous invite à nous prosterner devant :

  • Les bouddhas des trois temps et dix directions. 
  • Le précieux Dharma de transmission et de réalisation.
  • La Noble Sangha, c’est-à-dire l'assemblée de ceux qui aspirent à la vertu, et qui ne l'abandonnent jamais une fois acquise.

Pour ce faire, il se visualise avec autant de corps qu'il y a de grains de poussière dans un trichiliocosme.

Comment se prosterne-t-il ? Le commentaire décrit cela de manière très détaillée :

Il fait des prosternations complètes, plaçant respectueusement ses paumes jointes aux trois portes et se prosternant sur le sol, il le touche avec ses mains, ses genoux et son front en pleine extension de son corps. Ce faisant, il récite la liturgie en ayant bien présent à l’esprit toutes les qualités des Trois Joyaux.

  • En plaçant successivement nos mains au front, à la gorge et au cœur, nous nous rappelons les qualités du corps, de la parole et de l'esprit des Tathagatas.
  • En nous prosternant devant eux, nous faisons le souhait que les êtres purifient leurs souillures physiques, verbales et mentales et obtiennent l’« ushnikha » invisible sur leur tête, la conque du Dharma de la parole éclairée et le nœud infini de la compassion de l'esprit éclairé.

Puis nos cinq membres entrent en contact avec le sol :

  • Lorsque notre genou droit touche le sol, nous souhaitons conformément aux sutras : « Que tous les êtres procèdent sur le chemin droit de l'intégrité. »
  • Lorsque notre genou gauche le touche, nous souhaitons : « Que tous ceux qui sont sur le chemin gauche du mensonge entrent dans le vrai et noble Chemin. »
  • Lorsque notre main droite touche le sol, nous souhaitons : « Tout comme le Bouddha assis sous l'arbre de la bodhi, toucha le sol de sa main droite, soumettant toutes les forces négatives et acquérant l'éveil, puissent tous les êtres surmonter le mal et l'adversité ; et, assis sous l'arbre de la bodhi, puissent-ils aussi toucher la terre et atteindre la sagesse primordiale de la bouddhéité.
  • Lorsque notre main gauche touche le sol, nous souhaitons : « Puissé-je, au moyen des quatre manières d'attirer des disciples, rassembler en moi tous les êtres perdus dans l'état ordinaire d'immaturité spirituelle ; ceux qui s'accrochent à la négativité, et qu’il est difficile de bénéficier. »
  • Lorsque notre visage et notre front touchent le sol, souhaitons : « Que les êtres, dépouillés de leur arrogance, servent leurs maîtres, obtiennent l’invisible « ushnikha » et soient ennoblis par toutes les qualités vertueuses.

Il y a encore beaucoup à dire sur ce sujet, cependant, je pense que ce sera suffisant pour le moment. Étudier déjà ceci et le pratiquer sera d'un grand avantage.

 

Chapitre deux - Strophe 25 :

Aux supports de l’esprit d’Éveil et aux stupas 

Je rends l’hommage de mes prosternations, 

De même qu’aux abbés et à ceux qui enseignent, 

Ainsi qu’aux adeptes de l’ascèse suprême.

 

Ce faisant, il s'incline devant tous les supports de la Bodhichitta.

Il s'incline devant les stupas et toutes les représentations existantes du corps, de la parole et de l'esprit éveillés. De même, nous nous prosternons et nous prosternons devant tous les maîtres :

  • Les précepteurs du vinaya, vœux de libération individuelle.
  • Ceux qui donnent des transmissions orales.
  • Ceux qui instruisent la communauté ordonnée des bhikshus et shramaneras ; et même
  • Ceux qui apprennent aux gens à lire et donc à accéder à l’étude du précieux Dharma.

Nous nous inclinons devant les pratiquants suprêmes du Dharma qui ont renoncé à leurs anciennes habitudes et adopté un nouveau mode de vie : le sangha des yogis, ainsi que devant le sangha des moines, et même devant ceux qui ne font qu’assumer le comportement extérieur des disciples du Bouddha.

Parmi les différents types d’hommage (physique, verbal et mental), l’hommage mental est le plus important. Par conséquent, une seule prosternation effectuée avec un esprit appliqué est bien plus bénéfique que de nombreuses prosternations effectuées dans la distraction.

Lorsque la posture corporelle est droite, les canaux subtils sont également droits, tout comme les énergies subtiles et l'esprit. Par conséquent, avec ces quatre éléments bien droits, nous devrions visualiser notre père à notre droite, notre mère à notre gauche, nos ennemis et faiseurs d'obstacles devant nous ; partout ailleurs, des êtres aussi nombreux que les particules de poussière sur la surface de la terre.

Il y a beaucoup plus d'instructions données dans les commentaires sur les prosternations et la prise de refuge. Ce sujet est vaste et profond. Il ne serait guère bénéfique de l’aborder ici à la hâte. Cependant, je vous en reparlerai lors du prochain Séminaire & Retraite de méditation intensive basés sur la courte pratique de Tara blanche qui aura lieu en juin cette année.

 

Chapitre deux - Strophe 26 :

Je prends refuge dans les bouddhas 

Jusqu’au cœur de l’Éveil ; 

Je prends aussi refuge dans le Dharma 

Et l’assemblée des bodhisattvas.

 

Shantideva s'engage à suivre le Bouddha en tant que maître, le Dharma en tant que gardien et la Sangha en tant que compagnons sur le Chemin.

Nous prenons Refuge dans les bouddhas qui possèdent les quatre « kayas » et les cinq sagesses. Nous prenons Refuge dans le souhait que tous les êtres, innombrables comme le ciel est vaste, atteignent la bouddhéité parfaite et nous le faisons jusqu'à ce que nous ayons acquis nous-mêmes l’éveil suprême.

De la même façon, nous prenons Refuge dans le sublime Dharma de transmission et de réalisation, ainsi que dans la noble Sangha des Bodhisattvas.

Nous prenons Refuge, jusqu'à ce que notre conscience, l'essence de Bouddha, se manifeste dans son état naturel. La bouddhéité n'est pas composée de causes et de conditions, et ses qualités s'accomplissent spontanément. L’état de Bouddha n'est pas non plus réalisé à travers des circonstances extrinsèques ; il est directement réalisé par la conscience de soi.

 

Chapitre deux - Strophe 27 :

Aux parfaits bouddhas et aux bodhisattvas 

Empreints de grande compassion 

Qui se tiennent dans toutes les directions de l’espace 

J’adresse, les mains jointes, cette prière :

 

Dans le ciel devant lui, Shantideva visualise les témoins de sa confession : tous les bouddhas parfaits, victorieux, vertueux et transcendants, ainsi que tous les grands bodhisattvas, qui résident dans les champs infinis de bouddha des dix directions et qui sont les souverains de grande compassion. Il les supplie les mains jointes, avec beaucoup de respect.

Comme vous le savez probablement, la confession implique de mettre en œuvre quatre forces :

1. la force de reconnaître d'avoir mal agi.

2. la force du support.

3. la force de la pratique corrective.

4. la force de l'amendement.

 

Les trois versets suivants traitent de la première force, la force de reconnaître d'avoir mal agi.

 

Chapitre deux - Strophe 28 :

Au cours de cette vie et de toutes les autres 

Dans le cercle dépourvu de commencement, 

J’ai commis le mal sans le savoir 

Et j’ai incité les autres à le commettre aussi ;

 

Shantideva admet que dans cette vie et dans toutes ses vies antérieures, tout en errant dans le samsara sans commencement, ignorant quelles actions devaient être adoptées et ce qui devait être abandonné, sous le pouvoir d'émotions contradictoires, il a commis trois types de mauvaises actions:

- Il a accompli des actions qui étaient mauvaises de par leur nature.

- Il a transgressé les règles de la discipline. Et,

- Il a incité les autres à faire de même.

 

Chapitre deux - Strophe 29 :

Écrasé par les illusions de mon ignorance, 

J’ai pris plaisir au mal commis par les autres : 

À présent que je vois mes crimes, 

Je vous les confesse sincèrement, ô protecteurs.

 

Trompé et opprimé par l'ignorance de la loi de cause à effet du karma et confus sur le choix à faire entre les choses à faire et les choses à éviter, Shantideva admet qu'il se réjouissait du mal commis par les autres.

 

Mais maintenant, voyant et reconnaissant que ces trois types de conduites erronées, qu'elles soient graves ou insignifiantes, étaient en effet erronées, Shantideva les avoue ouvertement - pas seulement verbalement, mais sincèrement du fond du cœur. En présence des grands protecteurs, les Bouddhas et leurs Progéniture de Bodhisattva, il promet de s'en abstenir à l'avenir.

 

Chapitre deux - Strophe 30 :

Sous le coup des émotions négatives, 

J’ai agi avec mon corps, ma parole et mon esprit 

Contre les Trois Joyaux et mes parents, 

Contre les maîtres et les autres.

 

En particulier, Shantideva avoue les fautes les plus graves qu'il a commises en référence au

- « Champ d'Excellence » c'est-à-dire : Les Trois Joyaux du Bouddha, du Dharma et de la Sangha. Et au,

- « Champ du Bénéfice » : son père, sa mère et tous ceux qui sont riches en bonnes qualités et dignes d'éloges, tels que les maîtres spirituels érudits et, en fait, tous les enseignants.

Il avoue toutes les fautes qu'il a commises par attachement, aversion et ignorance : physiquement, en tuant, en détruisant et en combattant ; verbalement, par la critique, la calomnie et les mauvaises paroles ; et mentalement, pour avoir entretenu des vues erronées, de la malveillance, etc.

 

Chapitre deux - Strophe 31 :

Pécheur qu’entachent de nombreux vices, 

J’ai commis de nombreux méfaits 

Proprement insupportables : de toutes ces choses, 

Ô guides, je me confesse à vous.

 

En présence des maîtres, des Bouddhas et des Bodhisattvas, Shantidéva continue à dévoiler ouvertement l’une après l’autre toutes les mauvaises actions que lui, vieux pécheur, a commis en pensée, en parole et en action. Ces fautes qui s'accrochent à son esprit comme la rouille colle au fer, il les considère comme étant d'une gravité insupportable dont le fruit karmique sera de renaître en enfer.

Pourquoi est-il nécessaire de confesser rapidement nos fautes ? 

C'est parce que nous n'avons aucune idée de quand nous allons mourir. Les circonstances de la mort sont imprévisibles et il n'y a aucune certitude que nous ne mourrons pas aujourd'hui. 

De plus, la souffrance ressentie au moment de la mort, alors que la vie s’arrête, la souffrance qui survient après la mort dans le bardo, et les souffrances des royaumes inférieurs dans l'existence à venir, sont tous les conséquences d'actions négatives.

 

Chapitre deux - Strophe 32 :

Peut-être mourrai-je avant de m’être 

Purifié de mes actes négatifs, 

Et pour m’en libérer pour de bon, je vous supplie 

De m’offrir au plus vite votre protection ! 

 

Cela étant, nous dit Shantideva, il se peut qu'il meure avant d'avoir terminé sa confession, sans ressentir de remords pour les maux commis dans le passé, sans prendre la résolution de s'abstenir de telles actions à l'avenir, et sans s'efforcer dans des actions positives, l’antidote au mal.

Si cela se produisait, il serait obligé d'éprouver les douleurs des royaumes inférieurs, et quels moyens y aurait-il pour que son esprit en soit jamais libéré ? Par conséquent, Shantideva prie pour que les Bouddhas et les Bodhisattvas lui accordent rapidement leur protection.

 

Chapitre deux - Strophe 33 :

On ne peut faire confiance au Seigneur de la Mort 

Car il n’attendra pas que nous ayons fini.

Que l’on soit malade ou en bonne santé, 

La vie est brève et imprévisible.

 

Nous pourrions bien penser que, bien que nous devions mourir un jour, peu importe qu’il n’y ait pas le temps aujourd’hui pour confesser nos fautes - nous ne mourrons pas sans l’occasion de le faire. 

Mais Yama, le Seigneur de la Mort, n'est pas digne de confiance. Il n'attendra pas que nous finissions ce que nous avons commencé (notre confession, par exemple), et il n'attendra pas que nous fassions ce que nous avons prévu mais pas encore commencé.

La vie est incertaine et s’en remettre à la confiance que nous ne mourrons pas aujourd'hui est tout à fait déplacé puisqu'il n'est pas possible de dire quand, où et comment la mort surviendra.

 

Chapitre deux - Strophe 34 :

Inconscient qu’il faut partir 

En abandonnant tout, 

J’ai commis de multiples méfaits 

Tant à cause de mes ennemis que de mes amis.

 

Lorsque la mort arrive, nous devons tout laisser derrière nous : notre maison, notre pays, nos parents et compagnons, notre communauté, nos ennemis et amis, notre famille et nos biens, nos vêtements et notre nourriture, même notre propre corps. Nous entrons dans la prochaine vie complètement seuls.

Shantideva avoue, cependant, que, oubliant cela ; et pour protéger sa famille et ses proches (connaissances, amis et personnes qu'il aime), ainsi que pour vaincre ses ennemis, il a commis de nombreux maux par attachement et aversion, tuant, volant, etc. Et tout cela a été si inutile.

 

Chapitre 2 - Strophe 35 :

Mes ennemis disparaîtront, 

Mes amis disparaîtront de même 

Et moi aussi, je disparaîtrai : 

Tout est promis à disparaître.

 

Car même s'il n'a pas réussi à les vaincre, ses ennemis mourront de toute façon et cesseront d'exister. Même s'il réussit à garder et à prendre soin de ses amis et de ses proches, rien n'est accompli ; eux aussi disparaîtront dans la mort. Et lui-même mourra et cessera d'être.

L'univers entier, avec ses continents et ses montagnes, avec tous les êtres qu'il contient, amicaux, hostiles ou indifférents - qu'ils soient aussi hauts placés que les cieux, aussi forts que le tonnerre, aussi riches que les nagas, aussi beaux que les dieux, aussi fascinants que des arcs-en-ciel - tout est destiné à la destruction.

Quelles que soient les forteresses construites, les richesses accumulées, les familles réunies, tout ira. Comme il est absurde de faire le mal pour eux !

 

Chapitre deux - Strophe 36 :

Tous les objets dont j’aurai usé 

Comme en rêve 

Ne seront plus que des souvenirs 

Et, passés, je ne les reverrai plus.

 

Shantideva donne l'exemple des objets des cinq consciences sensorielles dont il jouissait la nuit précédente dans ses rêves, ainsi que tout ce qui a été fait à leur égard : les ennemis qu'il a vaincus, les amis qu'il a protégés, la richesse, les honneurs et tout le reste qu'il gagné. Il se réveille le matin pour constater qu'il n'a rien à montrer pour cela ; tout n'est plus qu'un souvenir.

De la même manière, dit-il, tout a été fait la veille, toutes les distinctions et discriminations faites concernant les cinq objets des sens - accepter les uns, rejeter les autres, subjuguer les rivaux, soutenir les amis ; tout fait au nom des affaires, des terres, de la richesse, de l'honneur, de la renommée, de la nourriture et des vêtements ; tout ce qui était voulu et vécu - tout n’est plus qu’un souvenir : 

« Ce que j’ai fait et ce qui m’a été fait. »

Tout ce qui est passé n'existe plus et ne sera jamais revu ; quoique ce soit, cela ne peut apporter aucun avantage actif ni aucun préjudice. Il est inutile de s'engager à cause de cela.

Ce sera tout pour aujourd'hui ; éprouvons maintenant un peu de tranquillité et consacrons notre séance au bénéfice de tous.

 

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