Shantideva’s

Bodhicharyāvatāra

བྱང་ཆུབ་སེམས་པའི་སྤྱོད་པ་ལ་འཇུག་པ།།

Groupe d'Etude guidé parVén. Lama Sangyay Tendzin

Chapitre Cinq : La Vigilance

Questions & Réponses

Session 40 - samedi, 26 mars 2022

 

Bonjour à tous, 

Commençons par la récitation des prières traditionnelles :

 

REFUGE | MANDALA | DEMANDE D'ENSEIGNEMENTS

Invocation du Lama | Quiescence mentale

 

Aujourd'hui, nous conclurons notre étude du Chapitre Cinq par cette session de questions & Réponses.

 Question sur la Strophe 10 : 

Il est dit dans le commentaire : "Le terme Paramita implique que l'acte de donner soit accompli en l'absence de la présomption d'existence réelle du sujet, de l'objet de l'action, ainsi que de l'action elle-même. Par conséquent, la générosité ne dépend pas de la valeur objective du don. Elle dépend d'une générosité d'attitude, affranchie de tout type d'attachement qui empêcherait de faire don de ses biens extérieurs ou de ses qualités et mérites intérieurs. Il s'ensuit que la générosité est dans l'esprit."

Cela signifie-t-il qu'il suffit de vouloir sincèrement ? Que la posture de l'esprit fait plus que les actes eux-mêmes ?

Réponse :

Le commentaire de cette strophe était un peu plus explicite que la question ne le suggère :

Les enseignements expliquent que la générosité se perfectionne en s'entraînant à l'attitude d'ouverture, à l'intention authentique, sans avarice ni cupidité, pour donner à tous les êtres - supérieurs et inférieurs, riches et pauvres - chacun de nos biens : corps et biens, ainsi que le mérite d'un tel don, sans aucune attente de récompense, que ce soit dans cette vie ou dans une vie future.

Bien qu'une telle attitude d'ouverture soit essentielle, cela ne signifie pas qu'elle soit suffisante. Pour être efficace et engendrer des résultats conséquents, l'action a besoin d'un support pour transporter l'offrande spirituelle. Un support peut être créé mentalement, mais cela demande d'avoir développé au préalable une grande capacité à visualiser et à manifester un niveau exceptionnel de clarté. Un tel niveau vient de la réalisation de la vacuité plus que d'une séance de remue-méninges.

Les autres aspects de Paramita, qui doivent être présents et pratiqués simultanément, font que nous devons donner généreusement, mais conformément à notre capacité de donner. Si vous possédez peu, donnez en conséquence. Si vous possédez beaucoup, donnez en conséquence. Dans les deux cas, cela doit être sage et généreux. Faire des offrandes avares mène à la pauvreté voire au royaume des pretah. Donnez sans limite !

 

  1. Question sur la Strophe 22 :

Concernant les "distractions causées par les objets des 6 Consciences", Lama peut-Il expliquer ce que sont les 6 Consciences ?

Réponse :

Ce sont les consciences des facultés des cinq sens ou des facultés des cinq organes des sens, c'est-à-dire les yeux, les oreilles, le nez, la langue et le corps. A cela s'ajoute la conscience mentale.

Les objets de ces consciences sont respectivement visuel, auditif, olfactif, gustatif, tactile et mental.

Ce sujet a été enseigné assez largement dans un séminaire précédent sur le thème de "Srid-pa'i Kham Sum" expliquant les causes de la renaissance dans les trois dhatus. Je vous invite à vous référer aux notes pédagogiques éditées par Konchog Tsegpa Parkhang sous la référence GT-018-E et GT-018-F respectivement en anglais et en français.

 

  1. Question sur la Strophe32 :

Lama peut-Il expliquer ce qu'est la Déité tutélaire ?

Réponse :

Une déité gardienne, également appelée "déité personnelle", est un "Yidam" (tib.) ou "iṣhṭhadevatā" (skt.).

Le terme sanskrit original comporte deux parties: Devatā signifie "la déité". Iṣhṭha signifie quelque chose qui nous est agréable, que l'on chéri, aime et même vénère. Ainsi, une déité gardienne est la déité à laquelle on est affilié et qui est spécifique à soi-même, et que l'on considère comme chère.

Le terme était utilisé dans les traditions religieuses indiennes de pratique tantrique pour désigner la déité particulière donnée à une personne par son guru comme principale déité de pratique.

Le terme tibétain est expliqué dans la tradition bouddhiste tibétaine comme signifiant 

"ce qui དམ། - dam - 'lie' le ཡིད། - yid - esprit". 

Une autre explication de la signification de cela concerne le rôle de la déité personnelle dans la pratique des mantras secrets. Pour le dire brièvement, le chemin du mantra secret comprend la pratique d'une déité. La déité est considérée comme la manifestation du guru à travers laquelle le pratiquant obtient la réalisation.

 

  1. Question sur la Strophe 43 :

Ne pensez pas à une autre tâche

Que celle que, après mûre rélexion, vous avez entreprise ; 

Y consacrant toute votre attention,

Menez-la d’abord à son terme 

 

Cela implique-t-il que l'on ne puisse pas travailler plusieurs enseignements ou pratiques sur une même période ?

Réponse :

Bien sûr, au début, il faut du temps pour connaître le yidam et laisser interagir chaque aspect de nous-mêmes.

Nous n'avons pas non plus la profondeur de la pratique de yidam. Alors, en attendant, nous nous entraînons à découvrir ces valeurs progressivement en faisant différentes pratiques. Nous sommes également très sujets à la distraction et avons besoin de beaucoup de jouets, tout comme les enfants spirituels que nous sommes. Il n'y a pas de problème avec cela: par chaque pratique nous apprenons des compétences spécifiques. À la fin, nous nous préparons à nous engager dans une véritable pratique de yidam, un processus de transformation ultime sans "issue de secours".

 

  1. Question sur la Strophe 53 :

Lama peut-Il développer et clarifier ceci : "Faire preuve de dévotion envers les Lamas de sa propre tradition constitue, avant tout, une sorte d'attachement".

Réponse :

Eh bien, la citation correcte de cette déclaration dans le commentaire de la strophe 53 est :

« Faire étalage de dévotion aux Lamas de sa propre tradition est surtout une espèce d'attachement. Il a donc été dit qu'il ne devrait y avoir aucune confusion entre la dévotion authentique et les préjugés sectaires

Oui, faire preuve de dévotion est une pratique qui n'est pas facile et qui peut vous mener assez loin dans les deux extrêmes :

  • Loin dans l'obtention de la réalisation et
  • Loin dans le développement de l'attachement.

La dévotion est l'amour transcendé, en ce sens que toutes les mauvaises tendances d'une relation amoureuse ordinaire ont été abandonnées. Dans le Ngöndro, vous pouvez voir le processus de transformation/purification de votre être qu'il faut traverser avant de s'engager dans toute forme de pratique de guru yoga.

Si vous avez tendance à juger et à évaluer votre guru de manière dualiste, vous ne réussirez qu'à développer une relation virtuelle avec une projection de votre guru créée mentalement. Votre relation n'alors que peu voire pas de profondeur et est basée sur votre fixation sur la personne qui est à votre extrémité de la Lignée vous reliant au Guru ultime : le Bouddha.

Rappelez-vous plutôt des qualités d'un guru :

  • Un guru est quelqu'un qui peut supporter un grand poids. Cela ne signifie pas qu'il faille commencer à agir comme un écervelé et croire que le guru réglera toutes les situations problématiques que vous pourriez créer.
  • Un guru est défini par sa lignée, et c'est à travers cette lignée qu'il transporte les bénédictions du Seigneur Bouddha. Avec cette compréhension, il est difficile d'être sectaire.
  • Enfin, sachez que la motivation du guru est basée sur une compassion incessante. Ainsi, votre guru est inséparable de tous ceux qui vous ont enseigné quelque chose jusqu'à présent. Comment pourriez-vous lire et écrire sans qu'on vous l'ait enseigné?
  • Même les autodidactes s'en remettent à leur guru intérieur sans le savoir.

 

  1. Question sur la Strophe 81 :

Lama peut-il en dire davantage sur le Champ d'Excellence, le Champ de Bienfait et le Champ de Souffrance ?

Réponse :

Oui, Shantideva insiste ici sur le résultat de la pratique de la générosité :

En raison de la vacuité/interdépendance des trois domaines, il est important de pratiquer la générosité envers les trois, tout en comprenant clairement la différence entre ces domaines :

  • Le premier, le Champ d'Excellence est le but de notre voyage et le domaine le plus méritoire par rapport à nous. Le don à ce premier champ est basé principalement sur la réalisation de la vacuité et est généralement teinté, au début, par l'ignorance.
  • Le second, le Champ de Bénéfice, est comme "rembourser" la bonté des parents et des proches et ce champ nous étant aussi plus familier, il sera difficile de le pratiquer sans créer d'attachement et de servitude. Il est généralement entaché, au début, par un manque de clarté.
  • Le troisième, le Champ de Souffrance, est la générosité motivée par la compassion ; compassion cependant biaisée et attachement à soi-même, il en résulte d'abord une compassion conceptuelle.

 

  1. Question sur la Strophe 82 :

« Dans toute action d'offrande et de don, et ainsi de suite, nous ne devons pas dépendre des autres...»

Si nous pouvons les accomplir nous-mêmes, nous devons le faire. Mais si nous n'en sommes pas capables, il n'est pas du tout approprié de compter sur les autres pour les faire à notre place.

Peut-être que Lama peut donner un exemple sur le type d'actions auquel ceci est lié ?

Réponse :

Tout type d'actions, quoi que ce soit parmi les paramitas. Par exemple, la pratique du Monlam. Au début, vous pouvez vous en remettre à un moine qui connaît divers Monlam. Pourtant, cela devrait se limiter à la récitation. Et même, tout le labeur de créer des sadhanas avec la phonétique et les traductions, grâce auquel nous pouvons les réciter.

Pourtant, ce sont les exemples de Monlam pratiqués par de grands Bodhisattvas. Nous devons à un moment donné nous entraîner à les composer nous-mêmes et arriver ainsi à pratiquer la générosité du Monlam.

 

  1. Question sur la Strophe 87 :

Lama peut-Il expliquer ce qu'est, concrètement, donner son corps, sa tête ou ses membres ? 

De quoi doit-on s'abstenir tant que notre compassion est impure ?

Réponse :

Vous pouvez le prendre littéralement ou mentalement. Pourtant, si vous n'êtes pas réalisé, vous pourriez souffrir beaucoup si vous offrez un membre.

De grands Bodhisattvas l'ont fait littéralement, ce qui leur permit finalement d'atteindre l'éveil. Le seigneur Bouddha Sakyamuni par exemple a coupé certains de ses membres pour alimenter la tigresse incapable de nourrir ses quatre petits sur le site de NamoBuddha au Népal.

Même si vous offrez mentalement, il peut être difficile de le faire sans une grande compassion non duelle. Cela signifierait que ce corps, cette tête ou ces membres offerts ne serviront plus votre objectif. On peut donner comme exemple les kamikazes de Pearl Harbor. Ils ont servi une idéologie patriotique pas nécessairement basée sur la pure compassion. Ce type de compassion était certainement dualiste pour la plupart d'entre eux. Rappelez-vous que le corps est la base de votre pratique du Dharma. Pour que vous réalisiez le vacuité. Le premier Bhumi est le premier niveau spirituel dans lequel votre compassion est libre d'émotions conflictuelles.

Ceci termine la liste des questions qui m'ont été soumises suite à la conclusion de l'étude du cinquième chapitre du Bodhicaryâvatâra, celui sur la Préservation de la Vigilance.

Samedi prochain, nous engagerons l'étude du sixième chapitre de cet exceptionnel enseignement de Shantideva, celui sur la Patience, une explication élaborée se déployant dans les 134 strophes suivantes de ce texte.

Pratiquons un instant le calme mental, avant de dédier le mérite de cette séance au bénéfice de tous.

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