Shantideva’s
Bodhicharyāvatāra
བྱང་ཆུབ་སེམས་པའི་སྤྱོད་པ་ལ་འཇུག་པ།།
Groupe d'Etude guidé parVén. Lama Sangyay Tendzin
Session 45 – Samedi 9 juillet 2022
Chapitre SIX : Faire preuve de patience (suite)
REFUGE | MANDALA | REQUETE des ENSEIGNEMENTS
Invocation du Lama
Courte pratique de Quiétude Mentale – Développement de la Bodhicitta
Aujourd'hui, nous poursuivons notre étude du chapitre 6 du Bodhicaryâvatâra. Nous l’avons laissée la semaine dernière au chapitre 45.
Nous poursuivons donc avec la strophe 46 :
Strophe 46 :
Les gardiens des enfers, par exemple,
Ou les arbres feuillés de lames,
Sont des produits de mes actes :
Contre qui me mettrais-je en colère ?
De la même manière que les terrifiants gardiens de l'enfer et ceux des enfers avoisinants tels que les bosquets d'arbres-rasoirs, sont la manifestation de nos propres actions, Shantideva déclare que toute la souffrance éprouvée dans cette existence et dans nos existences futures, provient entièrement de notre propre fabrication ; elle est produite par nos propres actions. Contre qui d'autre exprimer sa colère ? Absolument personne !
Strophe 47 :
Mes persécuteurs surgissent
À l’instigation de mes actes.
Si cela les amène jusqu’aux enfers,
Ne suis-je pas celui qui les détruit ?
Ceux qui nous blessent, qui se tournent maintenant contre nous pour nous voler et saccager nos biens, le font à cause de notre propre comportement mauvais et agressif dans le passé.
Attirés à nous par les actions de vol et de brigandage que nous leur avons nous-mêmes autrefois infligées, c'est maintenant à leur tour de nous faire du tort.
De plus, le moment venu, les blessures qu'ils nous infligent les jetteront (voleurs et brigands qu'ils sont) dans des enfers d'horribles souffrances.
Alors, ne sommes-nous pas ceux qui ruinent nos ennemis ? La réponse est « oui », nous sommes bien leurs bourreaux !
Strophe 48 :
Or c’est avec leur concours
Que la patience purifie nombre de mes fautes ;
Et c’est bien à cause de moi
Qu’ils choiront dans les enfers aux longues souffrances.
En revanche, si nous sommes habiles à pratiquer la patience envers l'ennemi qui nous fait du mal, toutes nos actions malveillantes du passé seront purifiées et une grande accumulation de mérites sera accomplie. Vu de cette façon, nous pouvons dire que nos ennemis nous sont bénéfiques.
Mais, à cause du mal qu'ils nous font, qui sont la cause et la condition de leurs actions négatives, ils devront languir pendant des kalpas dans l'Enfer de la Douleur Implacable. Tout cela au nom d'une agression qu'il n'a fallu qu'un instant pour accomplir. Ils devront subir les longs tourments de l'enfer.
Strophe 49 :
Si c’est moi qui les persécute
Et si eux sont mes bienfaiteurs,
Pour quelle raison perverse,
Malfaisant esprit, t’emportes-tu contre eux ?
C'est donc nous qui sommes leurs bourreaux alors que ce sont eux, nos ennemis, qui nous font du bien. Car nous pouvons ainsi rembourser ce que nous devons, purifier nos dettes karmiques et nos hostilités de sang, compléter nos accumulations de mérites et dissiper nos obscurcissements.
Notre compréhension de ce qui doit être fait et de ce qui ne doit pas être fait est complètement bouleversée !
Comme nos esprits sont vindicatifs ! Quelle raison avons-nous d'être en colère contre nos ennemis ?
Strophe 50 :
Si j’ai des qualités spirituelles,
Je n’irai pas dans les enfers.
Mais si, de la sorte, je suis protégé,
Que leur adviendra-t-il, à eux ?
Au vu de tout cela, nous pourrions penser que si nous apportons la ruine aux ennemis qui nous font du mal - un mal à cause duquel ils seront jetés en enfer - nous devrons également aller en enfer.
Pourtant, il est enseigné que si nous possédons la qualité de patience dans notre esprit, nous pourrons l’éviter -l'implication étant que si nous sommes sans patience, nous n’y échapperons pas.
A l'inverse, on pourrait aussi prétendre que nos ennemis n'iront pas non plus en enfer, puisqu'ils nous apportent des bénéfices. Mais c'est le fait de cultiver la patience qui nous évite d'aller en enfer. D'autre part, qu'est-ce qui peut sauver nos ennemis d'un tel destin ? Il n'y a rien qui le puisse.
Strophe 51 :
Or, si je leur réponds par le mal,
Non seulement je ne les tirerai pas d’affaire,
Mais je corromprai ma pratique
En anéantissant les effets de mon ascèse.
Nous pouvons bien penser qu'en tant que bodhisattvas, nous avons tort si nous ne parvenons pas à protéger nos agresseurs.
La réalité est que non seulement nous sommes incapables de leur fournir une protection adéquate, mais nous leur faisons du mal en représailles pour ce qu'ils nous font.
Ce faisant, nous ne leur donnons aucune protection, mais nous aidons à développer leurs émotions négatives conflictuelles : la colère et les autres négativités dans leur esprit augmenteront considérablement.
De plus, quant à nous, nous ruinerons nos quatre disciplines vertueuses :
- Ne jamais rendre l'abus par l'abus
- Ne jamais être en colère en retour de colère
- Ne jamais riposter lorsqu'il est frappé et,
- Ne jamais exposer les défauts des autres lorsqu'ils révèlent les nôtres).
En agissant de la sorte, même la patience, la meilleure des austérités de bodhisattva, sera détruite.
À cet égard, il est dit qu'il existe quatre situations possibles dans lesquelles les bodhisattvas peuvent se trouver :
- Ils peuvent se protéger eux-mêmes et protéger les autres
- Ils peuvent se protéger mais pas les autres
- Ils peuvent protéger les autres mais pas eux-mêmes ou,
- Ils peuvent échouer à se protéger ou à protéger les autres.
Il s’agit donc de bien comprendre ceci et de nous entrainer à cultiver la patience du mieux que nous le pouvons.
Ceci conclut le sujet de « La patience de faire la lumière sur ce qui cause du mal ». Nous terminerons ici aujourd'hui. Le prochain sujet abordé par Lord Shantideva sera celui de :
« Cultiver la patience envers ceux qui nous traitent avec mépris »
Pratiquons un court instant la quiétude mentale, avant de dédier le mérite de cette séance au bénéfice de tous.