Shantideva’s
Bodhicharyāvatāra
བྱང་ཆུབ་སེམས་པའི་སྤྱོད་པ་ལ་འཇུག་པ།།
Groupe d'Etude guidé parVén. Lama Sangyay Tendzin
Session 46 - Samedi 16 juillet 2022
Chapitre SIX : Cultiver la Patience (suite)
REFUGE | MANDALA | REQUETE des ENSEIGNEMENTS
Invocation du Lama
Courte pratique de Quiétude Mentale – Développement de la Bodhicitta
Prenant le "Vol du Garuda" sur ce qui fut expliqué jusqu'ici dans le chapitre 6 du Bodhicaryâvatâra, celui exposant la troisième Paramita de la Patience, nous remarquons que ce chapitre est structuré autour de quatre thèmes.
Nous en avons examiné les deux premiers :
1. L'élimination de la colère
2. Identifier les objets de la Patience
Nous sommes actuellement engagés dans l'étude du troisième :
3. Cultiver la patience
Ce thème est composé de 11 sujets dont nous avons complété les cinq premiers :
1. Patience face à ce que nous ne voulons pas
2. Patience face à ce qui nous fait souffrir
3. La patience d'accepter la souffrance
4. La patience qui consiste en la certitude de la réalité ultime des choses
5. Patience pour faire la lumière sur ce qui cause du tort
Le prochain des 6 sujets restants faisant partie de ce thème va maintenant être engagé :
6. « Cultiver la patience envers ceux qui nous traitent avec mépris »
Ce sujet est présenté à travers un ensemble de douze slokas à partir de Sloka 52.
Strophe 52 :
L’esprit étant incorporel,
Nul ne peut en détruire la moindre partie.
C’est parce qu’il est attaché au corps
Que les douleurs de ce dernier l’affectent.
Peut-être pouvons-nous penser que nous nous mettons en colère lorsqu'un traitement méprisant blesse notre esprit ou notre corps. Mais souvenons-nous que notre esprit, c'est-à-dire nos pensées, est sans immatériel ; elles n'ont pas de forme physique. Par conséquent, personne ne peut en aucune façon les détruire par les armes ou tout autre moyen.
D'autre part, l'esprit chérit et s'accroche puissamment à son support corporel avec pour résultat que nous sommes attachés à notre corps et que nous en revendiquons la propriété. C'est pourquoi nous souffrons lorsque nos corps sont attaqués et battus. S'il n'y avait pas d’attachement au corps, aucune blessure ne serait ressentie.
Strophe 53 :
Si le mépris, les injures
Et les propos diffamants
N’affectent pas le corps,
Pourquoi te font-ils enrager, ô mon esprit ?
On pourrait soutenir que lorsqu'une blessure est subie, c'est à la fois l'esprit et le corps qui souffrent.
Cependant, les regards haineux et autres outrages tels que les invectives lorsque quelqu'un nous accuse d'être voleur, menteur ou vieux charlatan, ainsi que tout autre parole diffamatoire proférée dans notre dos ; tout cela ne nuit nullement au corps, et encore moins blesse-t-il l'esprit.
Alors pour quelle raison, se demande Shantideva, l'esprit est-il tellement enclin au ressentiment ? Une telle attitude est tout à fait illogique.
Strophe 54 :
Ce n’est pas l’antipathie d’autrui
Qui me dévorera dans cette vie
Ou dans une autre :
Pourquoi donc m’opposer ?
On pourrait penser que, si le manque de respect et la haine ne nuisent pas directement à notre corps et à notre esprit, nous sommes hostiles à de telles choses parce qu'elles nous montrent que nous sommes détestés par les autres.
Néanmoins, l'aversion des autres ne peut pas vraiment nous nuire ; elle ne peut pas nous détruire !
Ni maintenant, ni dans le futur. Pourquoi alors est-il si difficile d'accepter que les autres ne nous aiment pas et ne nous montrent aucun respect ? Nous devons apprendre à supporter cela.
Strophe 55 :
Si je m’y oppose
En tant qu’obstacle à mes gains,
Ces gains, je les perdrai dès cette vie,
Mais mon karma négatif lui, leur survivra.
Peut-être croyons-nous que lorsque nous sommes méprisés, détestés et suscitons l’incrédulité des autres et que cela se fait à notre détriment matériel. Un tel mépris est un obstacle à notre bien-être, et c'est pourquoi nous ne pouvons pas l'accepter et devenons rancunier.
Au lieu de cela, il nous faut considérer que quelle que soit la richesse que nous accumulons dans cette vie, comme l'or, l'argent, les propriétés, etc., nous devrons tout laisser derrière nous au moment de mourir. Rien de tout cela ne peut être emporté avec nous dans la prochaine vie.
Comme dit le proverbe, nous sortirons nus, prostrés, les mains vides sous nos aisselles ; mais plus que cela, c'est alors que tous les actes négatifs de controverse et de belligérance que nous aurons perpétrés dans le passé par l’appât du gain matériel, resteront à nos côtés comme de fidèles compagnons. Ils ne seront pas balayés par la mort, et nous devrons en supporter les conséquences.
Strophe 56 :
Plutôt mourir dès maintenant
Que vivre longtemps d’expédients malhonnêtes !
Pour un être comme moi, vivre longtemps
N’empêchera pas la mort d’être aussi douloureuse.
Peut-être irons-nous jusqu’à imaginer que sans possessions, ni nourriture, ni vêtements, nous mourrons rapidement. C'est parce que nous ne voulons pas une telle issue, que nous nous fâchons lorsque les autres nous traitent avec mépris.
Mais comme le dit Shantideva, il est préférable pour lui de mourir sans délai, aujourd'hui même, que de vivre une longue vie soutenue par de mauvais moyens de subsistance. Car il est enseigné que, s'il y a un choix entre une vie longue mais mauvaise ou la mort aujourd'hui même, la mort soudaine est la meilleure option.
Les sutras définissent les moyens d'existence erronés en termes de toutes sortes d'attachements aux objets des six sens.
Aussi, le Ratnavali Sutra nous rappelle que les moyens de subsistance erronés se résument en cinq points :
1. Tenter de faire face à ses besoins par la flatterie
2. Tenter de faire face à ses besoins par l’hypocrisie en prétendant être un bon pratiquant
3. Pratiquer une générosité intéressée,
4. Mettre en avant son statut ou sa position de personne digne de soutien, et,
5. Le vol indirect tel que prétendre être dans le besoin pour obtenir de l'aide.
Peut-être penserons-nous que puisque nous voulons vivre, il vaut mieux ne pas mourir aujourd'hui. Mais quelle que soit la durée de notre vie ou de celle d'autrui, la douleur de la mort viendra enfin, et personne ne pourra y échapper. Ainsi, il vaut mieux mourir maintenant que de vivre une longue vie soutenue par des moyens factices.
En effet, si une personne extrêmement méchante a une longue vie, sa souffrance sera bien plus grande lorsque le moment de la mort arrivera. La mort aujourd'hui serait de loin préférable.
Strophe 57 :
Celui-ci rêve de cent ans de bonheur
Avant de se réveiller ;
Celui-là rêve de bonheur un seul instant,
Puis se réveille aussi :
Prenons l'exemple suivant : Un homme peut avoir un rêve, et dans son rêve, il peut penser qu'il vit cent ans remplis des plaisirs des cinq sens. Mais ensuite il se réveille. Un autre homme peut penser dans son rêve qu'il n'a éprouvé ces plaisirs qu'un instant, puis il se réveille lui aussi.
Lorsqu'ils se réveilleront, le bonheur que tous deux ont ressenti en jouissant de tels plaisirs, qu'ils aient semblé courts ou longs, ne reviendra ni pour l'un ni pour l'autre.
Pratiquons un court instant la quiétude mentale, avant de dédier le mérite de cette séance au bénéfice de tous.