Shantideva’s 

Bodhicharyāvatāra

བྱང་ཆུབ་སེམས་པའི་སྤྱོད་པ་ལ་འཇུག་པ།།

Groupe d'Etude guidé par Vén. Lama Sangyay Tendzin

Session 69 – Samedi 2 septembre 2023

Chapitre huit : Concentration meditative (Stabilité mentale d'une grande portée) : 187 Slokas

 

 

REFUGE | MANDALA | REQUETE des ENSEIGNEMENTS

Invocation par le Lama de l’assemblée des Bouddhas et des détenteurs de Lignée.

Courte pratique de Quiétude Mentale – Développement de la Bodhicitta

 

Après la longue interruption de ce webinaire en raison de circonstances extérieures, voici rapidement les grandes lignes du dernier chapitre abordé, le Chapitre Sept traitant de la pratique de la Diligence ou l’Effort Joyeux.

Shantidéva y présentait la persévérance joyeuse comme le support indispensable d'une véritable pratique spirituelle.

Il y élaborait les points suivants :

  • Le besoin de développer la diligence
  • Identification de la diligence et de ses facteurs contradictoires
  • Suppression des conditions défavorables à la diligence ou comment se débarrasser de :
            • La paresse qui aspire à l'oisiveté
            • La paresse qui consiste en une inclination aux actions malsaines
            • La paresse qui consiste en l'autodépréciation et le défaitisme
  • Mise-en-place des conditions favorables à la diligence en générant les quatre forces curatives :
      1. La force d'aspiration
      2. La force de la fermeté
            • Cultiver un sentiment de confiance en soi par rapport à la tâche
            • Cultiver un sentiment de confiance en soi vis-à-vis de ses capacités
            • Cultiver un sentiment de confiance en soi vis-à-vis des émotions conflictuelles
      1. La force de la joie
      2. La force du renoncement
  • Parfaire deux applications
      1. La force d'une pratique sérieuse
      2. La force du contrôle du corps, de la parole et de l'esprit

Le chapitre suivant, le Chapitre Huit, est consacré à l’augmentation de la concentration méditative dans le but d’acquérir une stabilité mentale de grande envergure. Ce chapitre est long car il contient 187 Slokas.

Il est également ardu : exigeant du praticien qu'il maitrise l’effort joyeux. Son thème est celui de la concentration mentale, une qualité qui, à moins de l’avoir acquise et développée progressivement, reste aujourd'hui notre point faible dans un mode de vie favorisant sans cesse la distraction.

Le XIVe Dalaï Lama, Sa Sainteté Tendzin Gyamtsho, a écrit le commentaire suivant qui certes constitue une excellente source d'inspiration :

« Si j’ai une quelconque compréhension de la compassion et de la pratique de la voie du bodhisattva, c’est entièrement sur la base de ce texte, La Voie du Bodhisattva, que je la possède. »

Il convient donc (comme nous le rappelle le premier sloka) de développer l'enthousiasme indispensable à l’obtention d’un Samadhi stable.

 

Strophe 1 :

Ayant ainsi cultivé le courage,

On placera son esprit en Samâdhi.

L’homme qui a l’esprit distrait

Est pris entre les crocs des émotions négatives.

 

Cette première strophe du Chapitre Huit invite à l’abandon de la distraction. Comme indiqué au verset 74 du chapitre précédent, y parvenir implique de s'appuyer sur un maître spirituel : écouter les instructions reçues, y réfléchir, puis les méditer.

Dans le Mahāyānasūtrālaṃkāra (*), le Seigneur Maitreya, a dit que s'il n'était pas nécessaire d'entendre et d'étudier les enseignements, le Tripitaka et toutes les doctrines du Conquérant seraient inutiles.

S’il n’était pas nécessaire de méditer sur le sens de ce que l’on a entendu, alors la méditation de tous les êtres saints apparus dans le passé serait également vaine. Pourtant, il n’en est rien !

Premièrement, en écoutant les enseignements, nous devons faire un effort intense pour les étudier et les contempler afin de découvrir ce que nous devrions pratiquer ou méditer. Il s’agit d’une étape préliminaire nécessaire avant de se lancer dans la pratique.

Par conséquent, comme indiqué précédemment, nous devons cultiver la diligence, manger avec modération et réduire la quantité de sommeil. Ensuite, nous devons nous concentrer en un seul point sur l'objet de la méditation, en concentrant étroitement notre esprit et en ne nous laissant pas distraire par d'autres choses.

Que se passe-t-il si nous ne parvenons pas à nous concentrer ? Une personne dont l’esprit dérive négligemment vers les objets des six consciences est comme un morceau de nourriture pris entre les crocs des démons, c’est-à-dire les souillures de l’attachement et de la haine.

Il est certain que les personnes qui abandonnent leur esprit à leurs propres habitudes, perdront toutes les qualités spirituelles qu’elles ont pu acquérir. Les germes de la libération seront détruits entrainant la souffrance.

(*) Le Mahāyānasūtrālaṃkāra, composé par Asaṅga, est l'un des cinq traités dictés le Mahasattva Maitreya. Il expose systématiquement les points clés de la Voie Mahayana, c'est-à-dire la nature de la Voie des Bodhisattvas et le concept de la nature de Bouddha.

 

Strophe 2 :

Quand le corps et l’esprit sont isolés,

La distraction est impossible.

Il faut donc renoncer aux préoccupations mondaines

Et s’affranchir des pensées discursives.

 

Shantidéva décrit les conditions clés pour atteindre la concentration méditative.

Pour éliminer les distractions, il faut rechercher la solitude et se distancer des activités mondaines et des interactions sociales. Le détachement des événements passés, présents et futurs est essentiel.

Pour surmonter les afflictions, la solitude est cruciale. Elle oblige à :

  • Se désengager physiquement des affaires mondaines ;
  • Arrêter mentalement les pensées discursives pour se concentrer sur les objets sensoriels.

Être isolé est vital pour cultiver la concentration, promouvant la pratique de retraites régulières. Ceci est une raison essentielle justifiant l’existence de TNG® en tant que centre de pratique régulière de la pleine conscience.

 

Strophe 3 :

C’est par attachement et soif de biens matériels

Que l’on ne renonce pas aux préoccupations mondaines.

C’est donc en procédant comme suit

Que le sage se détachera de ces choses :

 

C’est à cause de notre attachement à nos proches et de notre désir de propriété, etc., que nous n’abandonnons pas - et sommes incapables d’abandonner - les activités distrayantes de la vie mondaine.

Par conséquent, quelqu’un qui est sage, qui a réussi à abandonner attachement et désir, ayant reçu et réfléchi aux enseignements sur ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter, se doit de pratiquer comme suit:

 

Strophe 4 :

Sachant que la vision supérieure associée au calme mental

Détruit toute émotion négative,

Il recherchera d’abord le calme mental, lequel

S’accomplit quand on se détache du monde avec joie.

 

Il est dit dans le Dharma Sangiti-sutra (*) :

"Lorsque l'esprit est placé en équilibre méditatif, on peut voir les choses parfaitement, telles qu'elles sont."

Ainsi, une fois les états de mouvement et d’immobilité de l’esprit ont été maîtrisés, l’esprit reste concentré dans l’état de flexibilité parfaite et d’inhérente félicité. C'est-à-dire qu'il demeure dans le « Stade préparatoire valide » au premier samadhi (**), la concentration de « Zhi-Nay » - Calme permanent.

Lorsque ceci est combiné avec « Lhag-Tong » – la vision pénétrante, c’est-à-dire la sagesse qui comprend le mode d’être ultime des phénomènes, les états conflictuels seront complètement abandonnés, ainsi que leurs germes et les tendances habituelles qui en découlent.

Pour progresser, maîtrisez d’abord la Quiétude Mentale en utilisant diverses techniques. Cet état de quiétude sert de fondement à la vision pénétrante et n’est réalisable que par ceux qui se détachent des préoccupations mondaines, acceptent la solitude et pratiquent joyeusement une concentration ciblée.

(*) ཆོས་ཡང་དག་པར་སྡུད་པའི་མདོ་ - «Chö yang-dag-par düd-pa'i do» - «Compendium of the Teachings Sutra», un mahayana sutra.

(**) ཉེར་བསྡོགས་མི་ལྕོགས་མེད་ - «nyer-dog mi-chog-med» - "Puissant samadhi  préparatoire", le samadhi préparatoire menant au premier dhyana de la forme royaume. Ce samadhi prépare le pratiquant à sortir du royaume du désir et à entrer dans le royaume de la forme, et donne ainsi la capacité d'abandonner འདོད་་ཉོན་མོངས - « Död-Nyön-Mong », « les afflictions du royaume du désir ».

 

Strophe 5 :

Quel être impermanent peut-il vraiment

S’attacher à ce qui ne dure pas ?

Pendant des milliers d’existences

Il ne verra plus ceux que tant il aimait.

 

Personne n’est permanent et éternel, les gens se retrouvent dans une situation dans laquelle, étant eux-mêmes éphémères, ils sont fortement attachés à ce qui est également éphémère, à savoir leurs parents et amis.

Le concept mis en avant invite à réfléchir sur l’impermanence et la souffrance. L’idée selon laquelle tout est éphémère et sujet au changement est fondamentale. L’attachement à ces éléments en constante évolution (qu’il s’agisse de personnes, de biens matériels ou même d’identité personnelle) conduit à la souffrance.

Cependant, la compréhension de l’impermanence et de l’attachement n’est pas un appel au détachement émotionnel ou à une froide indifférence envers le monde et ses habitants.

Cela nous rappelle d'apprécier le moment présent, de vivre en pleine conscience et de cultiver la bienveillance et la compassion inconditionnelles, illimitées et dénuées de la peur de perte.

Cette forme d'amour - connue sous le nom de "Metta" en Sanskrit est non seulement libératrice pour nous mais aussi incroyablement enrichissante pour les autres.

 

Strophe 6 :

Ne les voyant plus, il ne sera pas heureux

Et son esprit ne pourra pas rester posé.

S’il les voit, il ne s’en rassasiera point

Et retombera dans les tourments de la soif.

 

Même séparés de nos précieux compagnons pendant seulement de brefs instants, nos esprits ne trouvent pas la paix. Consumés par l’inquiétude quant à leur situation, nous luttons pour maintenir notre concentration et notre équilibre émotionnel.

Et une fois réunis, nos cœurs restent insatisfaits. Notre attachement et notre désir continuent de nous priver du vrai bonheur.

Comme le dit le Lalitavishtara-Sutra (*), profiter de ses désirs, c'est comme boire de l'eau salée ; cela ne vous satisfait jamais vraiment.

(*) Le Lalitavishtara Sutra est un ancien texte bouddhiste Mahayana qui raconte la vie du Prince Siddhârta Gautama, plus tard connu sous le nom de Bouddha. Le mot « Lalitavistara » peut être traduit par « Le récit dans son intégralité » ou « Une narration élaborée ». Ce texte sert à la fois d'enseignement spirituel et de forme littéraire, décrivant la vie du Bouddha depuis sa descente du paradis Tushita jusqu'à son illumination sous l'arbre de la Bodhi à Bodh-Gyay et le premier enseignement donné à Sarnath.

Son objectif principal est d'inspirer et de guider ceux qui sont sur le chemin de l’Éveil en démontrant la vie et les enseignements du Bouddha comme l'exemple parfait d'une vie compatissante et sage. Compte tenu de sa nature globale et de son rôle dans l’illustration des vertus et des pratiques essentielles au développement spirituel, le Sutra Lalitavishtara pourrait constituer une ressource précieuse pour votre pratique du Dharma.

 

Strophe 7 :

Quand on est attaché aux êtres ordinaires,

On s’empêche de voir l’authentique.

On perd aussi tout sentiment de désillusion,

Pour finir, écrasé de chagrin.

 

Lorsque nous désirons et désirons d'autres êtres tels que des amis et des parents, un voile obscurci la vérité ultime et nous ne parvenons plus à la voir.

Le sentiment sain de déception et de tristesse (*) que nous éprouvions autrefois face aux chagrins du samsara, fond et ne revient pas.

Par conséquent, lorsque ceux qui nous sont chers nous abandonnent ou meurent, nous nous retrouvons dans une agonie de souffrance.

(*) ཞེན་ལོག་ས་ - "Zhen-log" - Révulsion", "être nauséeux", "dégoût". Avoir le sentiment d'être prêt à vomir face aux souffrances du samsara.

 

Pratiquons la quiétude mentale pendant un court moment, avant de consacrer notre mérite au profit de tous.

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