S’abîmer dans la Sagesse des Quatre Samayas
Il existe quatre modes de conformité aux samayas permettant de demeurer dans l'essence des déités de sagesse.
1. Le Samaya de la Non-Existence
Le samaya naturel auto-émergent, qui est l'essence primordialement pure de la conscience au-delà de toute élaboration, est le samaya de la non-existence parce qu'il n'y a rien en lui à maintenir.
Ce samaya, dans lequel il n'y a rien à maintenir, consiste simplement à demeurer dans la grande sagesse naturelle de la déité spontanément présente. Il n'y a rien de plus à faire ; il suffit de rester sans jamais se départir de l'ainsité, dans laquelle il n'y a pas de séparation entre observance et rupture.
-> Demeurer dans la sagesse primordiale de la vacuité, qui est essentiellement au-delà de toutes les élaborations conceptuelles de l'existence véritable et du sujet ou de l'objet, constitue le Samaya de la Non-Existence.
2. Le Samaya de l'Égalité
Le Samaya de l'égalité consiste à transcender les phénomènes conditionnés et à s'établir dans leur nature réelle, sans entretenir aucune fixation qui pourrait l'altérer. Il suffit de laisser les cinq consciences sensorielles reposer dans la réalisation de l'ainsité, dépourvue de toute fixation sur les objets extérieurs ou intérieurs.
-> La conscience primordiale demeure comme une égalité naturelle, dont la nature est sans fluctuation, changement ou fragmentation en concepts tels que bon, mauvais, heureux, triste, espoir, doute, etc. C'est une égalité omniprésente.
-> Demeurer dans cette vaste et spacieuse ouverture constitue le Samaya de l'Égalité.
3. Le Samaya de la Présence Spontanée
Le Samaya de la présence spontanée consiste à demeurer dans la qualité de la connaissance, la radiance ouverte de l'ainsité, qui est essentiellement inexistante et primordialement pure, et dans laquelle la profusion des qualités est naturellement et spontanément présente.
Dire que la radiance ouverte de l'ainsité avec la profusion des qualités est spontanément présente signifie que leur présence ne dépend pas de la pratique des quatre visions.(*)
(*) སྣང་བ་བཞི་ - “Nang-wa zhi” - Les Quatre Visions
Les quatre Visions sont des concepts importants dans les pratiques du Dzogchen et du Vajrayāna, souvent considérés comme quatre étapes de reconnaissance et de réalisation de la nature de la réalité.
1. La Vision de la Conscience Directe de la Réalité (ou La Vision de la Quasi-Réalisation) :
C'est le stade initial où un pratiquant commence à avoir une expérience directe mais encore partielle de la véritable nature de l'esprit. C'est un aperçu de l'ultime vacuité et clarté, mais ce n'est pas encore une réalisation complète.
2. La Vision de l'Expérience Croissante (ou La Vision qui Accroît l'Expérience) :
À ce stade, l'expérience de la réalité par le pratiquant s'approfondit et devient plus stable. Il existe encore des notions dualistes de sujet et d'objet, mais elles commencent à se dissoudre. Le pratiquant commence à voir des lumières et des couleurs comme des manifestations de la qualité rayonnante de l'esprit, réalisant que les phénomènes ne sont ni existants ni inexistants.
3. La Vision de la Conscience qui est le Moyen de l'Atteinte (ou La Vision de l'Atteinte du Réel) :
C'est un stade avancé où la reconnaissance de la véritable nature de la réalité par le pratiquant devient plus cohérente et ininterrompue. L'écart dualiste entre sujet et objet se dissout entièrement, et il y a une intégration complète de la vacuité et de l'apparence. C'est une expérience directe et continue de la véritable nature de l'esprit.
4. La Vision de l'Accomplissement de l'Atteinte (ou La Vision de l'Extension du Réel) :
C'est le stade final, représentant l'illumination complète. Ici, la réalisation par le pratiquant de la véritable nature de la réalité est inaltérable et sans effort. Il n'y a pas de différence entre la méditation et l'après-méditation. Tout est reconnu comme la manifestation spontanée de la véritable nature de la réalité, entièrement non-duelle et complète.
Dans le contexte du Samaya de la Présence Spontanée, ces Quatre Visions ne sont pas quelque chose qui doit être cultivé ou créé à travers des pratiques spécifiques.
Elles sont plutôt le déploiement naturel de la conscience lorsqu'elle reconnaît sa propre nature. Elles sont inhérentes et spontanément présentes dans la nature de l'esprit.
Les Quatre Visions sont des enseignements profonds qui offrent une guidance pour le pratiquant sur le chemin de la pleine réalisation. Elles aident à décrire le processus de perception directe de la véritable nature de la réalité, qui est en fin de compte au-delà de toutes conceptualisations et descriptions.
La pratique liée à ces visions aide à se détacher de toutes les constructions artificielles et limitations, permettant ainsi au pratiquant de demeurer dans l'état naturel, pur et spontané de l'être.
-> Tous les phénomènes du saṃsāra et du nirvāṇa surgissent individuellement de la conscience, qu'elle soit réalisée ou non. La conscience elle-même est le fondement naturel à partir duquel surgit tant ce qui est positif que négatif.
-> Demeurer dans cette reconnaissance constitue le Samaya de la Présence Spontanée.
4. Le Samaya de l'Unité
Le Samaya de l'unité consiste à demeurer dans la sagesse singulière, qui demeure comme luminosité naturelle et ne peut être exprimée par des mots. Ici, tous les concepts d'établissement et de négation, y compris les idées et jugements quant à ce qui constitue les vœux et engagements, si les choses sont réelles ou non, apparaissent ou cessent, et l'attachement à la réalisation ou à l'absence de celle-ci, sont tous un dans l'ainsité singulière. Tout est un dans la nature qui n'est pas vue par le regard.
-> Tous les phénomènes du saṃsāra et du nirvāṇa sont l'expression et le jeu de la sagesse primordiale – ils surgissent individuellement de la même source.
-> Rien ne dévie de l'étendue de cette conscience, et reconnaître que tout est parfait dans cette base unique constitue le Samaya de l'Unité.