The IVth Karmapa, Rolpay Dorje (1340 - 1383)
 
In various languages,
You tame many types of beings.
Through reasoning
that is free of the extremes,
You dispel all wrong assertions,
And with perfect speech
reveal the true state of things.
Rölpay Dorje, we supplicate at your feet.
 

Rolpe Dorje 

LE IV   KARMAPA

(1340 - 1383)

 
 
En différentes langues,
Vous apprivoisez de nombreux types d'êtres.
À travers le raisonnement
qui est libre des extrêmes,
Vous dissipez toutes les assertions fausses,
Et avec un discours parfait
révéler le véritable état des choses.
Rölpay Dorje, nous implorons à vos pieds.
 
 
 
 
 
 

Pendant la grossesse de la mère de Rölpe Dorje, de nombreux symboles de bon augure se produisirent dans ses rêves, indiquant la naissance d'un être exceptionnel.

Le huitième jour du troisième mois de l'année du Dragon de fer (1340) alors que naissait Karmapa Rölpe Dorje, le son du mantra de six syllabes fut entendu sur les lèvres du bébé et des fragrances délicates se répandirent alentour.

Jeune enfant, Rölpe Dorje montrait souvent des capacités remarquables. À l'âge de trois ans, il déclara :" Je suis Karma Pakshi. Beaucoup de mes élèves sont ici et je suis donc venu". Il s’assit spontanément dans la position d’Amitabha et affirma à sa mère que c’est ainsi qu’il se tenait dans son ventre.

À l'âge de six ans, le jeune prodige, interrogé sur ses vies antérieures répondit:

"Je suis Düsum Khyenpa et Karma Pakshi. Je suis allé en Chine et j'ai commencé à pacifier les armées mongoles, c'est moi qui regardais depuis les nuages. Mon guru est la vacuité et je suis moi-même votre gourou. Maintenant, je possède trois émanations. L'une est avec le bodhisattva Ratnamati. Une autre demeure dans l'environnement spirituel du Bouddha Aksöbhya et je suis la troisième. En ce moment vous pouvez douter de moi mais bientôt cela passera, vous-même vous êtes mon disciple "

Par la suite, Gon Gyalwa, qui était l'un des tuteurs de Rölpe Dorje, interrogea le garçon sur son incarnation en tant que Rangjung Dorje en demandant :

"Karmapa a dit qu'il vivrait jusqu'à l'âge de quatre-vingt-quatre ans mais il est mort à cinquante-cinq ans. Que s'est-il passé? "

Rölpe Dorje répondit. "Moins de gens étaient religieux et leur mode de vie était très négatif. Cela bouleversa Rangjung Dorje et lui fit perdre son désir de rester ici" Gon Gyalwa interrogea en outre la jeune incarnation sur la raison pour laquelle les gens avaient vu son visage sur la surface de la pleine lune dans la nuit suivant sa mort, le jeune garçon répondit en disant: "Rangjung Dorje avait une compassion sans limite et ses disciples avaient une forte dévotion. Ces deux causes coïncidèrent et produisirent la vision de son apparition sur la lune."

Le jeune Rölpe Dorje eut de nombreuses expériences visionnaires spontanées qui symbolisaient le développement naturel de sa propre spiritualité. Une fois alors qu’il avait contracté la grippe, il entra en méditation et vit Sangyay Menla le Bouddha de la médecine lui tendre un bol de Crystal dont il but et fut instantanément guéri. À d’autres occasions, Rölpe Dorje put voir les différentes "familles" de bouddha dans ses propres veines et voir les Terres des bouddhas dans un seul atome, il manifesta dix formes différentes dans lesquelles il écoutait dix enseignements différents dans dix Terres différentes. Ces expériences reflétaient la réalisation par Rölpe Dorje de la manifestation de la nature de bouddha dans toutes les expériences et tous les phénomènes.

L'éveil de la compassion innée du jeune Karmapa fut symbolisé par sa descente visionnaire en enfer sous la forme de Avalokiteshvara. Là, il put contrôler les souffrances causées par l’agression intense. Par la pluie de sa compassion, il put éteindre des embrasements de haine et ramener a la santé mentale tout les êtres emprisonnés dans cet environnement.

Le Karmapa enfant était comme un Garuda, l'oiseau mythique qui éclot de l'œuf complètement adulte. Dans ses rêves, il visita Uddiyana, terre des däkinis, où Vajrayogini lui donna des enseignements profonds dans lesquels elle lui dit : "La nature de ton esprit est non-née. Laisse s’élever méditation, visualisation et récitation. Fais des prières et des tormas pendant huit jours, tu obtiendras le pouvoir spirituel de Vajrayogini".

Dans d'autres rêves, Rölpe Dorje se rendit dans l'environnement spirituel du Potala.

Là, il perçut le mandala d'Avalokiteshvara dans sa pure immédiateté, ce qui produisit en lui la réalisation du mahämudrä.

Pour exprimer sa compréhension, Rölpe Dorje composa des chansons relatant ses expériences visionnaires. À l'âge de neuf ans, il commença à étudier les enseignements des traditions Kagyu et Nyingma. Au cours de cette période, on dit que Rölpe Dorje accomplit ses études avec une grande facilité, n’ayant apparemment pas besoin de faire d'efforts, en raison de ses capacités innées.

Lorsque Karmapa eut treize ans, il se rendit au Tibet central. En chemin, il passa devant Dak Lha Gampo, le monastère de Gampopa, qu'il vit comme un stupa fait de joyaux, entouré de bouddhas, de bodhisattvas et de saints. Il composa une chanson à la gloire du lieu pour exprimer sa joie.

Au monastère de Phagmo Dru, Rölpe Dorje fut accueilli par Tai Situ Changchub Gyaltsen, qui était devenu gouverneur du Tibet. De là, il continua jusqu'à Tsurphu, le principal monastère et siège du Karmapa. À son arrivée, il fut inspiré par une vision de Vajrayogini. En préparation de son ordination monastique, Rölpe Dorje étudia les textes du vinaya, concernant la discipline monastique. Alors à l'âge de quatorze ans, il fut ordonné novice par Dondrup Pal Rinpoche et fut nommé Dharmakirti.

Dondrup Pal Rinpoche évoqua à Karmapa le sentiment de la richesse de la transmission de Düsum Khyenpa. En méditation, il vit autant de Düsum Khyenpa que d'étoiles dans le ciel. Entré en retraite, la signification des enseignements d'Amitabha lui devint complètement claire, à la fois par sa méditation et dans ses rêves.

Par la suite, Rölpe Dorje invita le chercheur Nyingmapa Gyalwa Yongtönpa à lui rendre visite. Ce maître était le détenteur vivant de la lignée de "transmission" Karma Kagyu, qu'il avait lui-même reçue de Rangjung Dorje. En rencontrant Yongtönpa, une compréhension spontanée du mandala des divinités pacifiques et courroucées surgit dans l’esprit du Karmapa.

Le vieil érudit dit " Je suis très vieux, mais Rangjung Dorje a fait preuve d'une telle gentillesse en me révélant que je viens de loin. Maintenant, dites-moi ce dont vous vous souvenez de vos vies antérieures. "

Karmapa Rölpe Dorje répondit qu'il n'était pas en mesure de se souvenir très clairement de la vie de Düsum Khyenpa et qu'il ne se souvenait que d'un peu de la vie de Rangjung Dorje. Cependant, il souligna qu'il se rappelait parfaitement de la vie de Karma Pakshi ; quand il entendit cela, Yongtönpa fut submergé d'émotion et se prosterna aux pieds de son jeune étudiant.

Rölpe Dorje reçut une grand nombre d'enseignements, en particulier les instructions Kagyu et Nyingma de Lama Yongtönpa. À l'âge de dix-huit ans, il fut ordonné moine par l'abbé Dondrup Pal Rinpoché. Au cours de la même année, Rölpe Dorje rencontra le célèbre Lama Sakya, Sönam Gyaltsen, qui lui conféra l’initiation de l'Avalokiteshvara rouge. Chacun reconnut l'autorité spirituelle de l'autre lors de leur rencontre.

L'année suivante, l'empereur mongol Toghon Temur, soucieux de rétablir ses liens avec les incarnations du Karmapa, invita Rölpe Dorje à sa cour. Toutefois, à cette période, Karmapa était engagé dans une tournée d'enseignement au Tibet et ne put s’y rendre. Quand il retourna à Tsurphu, une seconde invitation arriva de Toghon Temur dans laquelle l'empereur s’adressait ainsi au Karmapa : " Je suis l'empereur, le roi des cieux. J'ai entendu dire que vous, Karmapa Rölpe Dorje, êtes né de nouveau pour notre bien et que vous demeurez maintenant à Tsurphu. Avec un profond respect, je vous demande de vous souvenir de vos actions précédentes. Ces temps dégénérés sont emplis de souffrances.

Considérez ces souffrances et la bonté innée du peuple. Veuillez nous accorder le nectar du dharma pour nous rendre joyeux. Maintenant, de nombreux êtres agissent mal, veuillez donc leur indiquer la bonne direction. Veuillez entreprendre ce voyage. Ne tenez pas compte des difficultés du voyage ni de votre santé mais venez vite, Bouddha lui-même ne pensait à ses propres souffrances quand il souhaitait oeuvrer au bien des êtres, je vous en prie venez vite. Lorsque vous arriverez, nous devrons à la fois encourager le progrès du buddhadharma et le bien-être du peuple. Grand Lama Rölpe Dorje, je vous en prie écoutez moi. En offrande, je vous envoie des objets rituels pour les autels, un lingot d'or, trois lingots d'argent et dix-huit rouleaux de brocart de soie.

Envoyé depuis Tai-ya Tu, La résidence de l'empereur, Le dixième jour Du dixième mois de l'année du Singe de la Terre. "

Au neuvième mois de l'année du Chien de Terre, âgé de dix-neuf ans, Karmapa commença le long et difficile voyage vers Pékin durant lequel il consacra une grande partie de son temps à la rédaction de textes. Lorsque la caravane arriva à Shawn, les représentants mongols suggérèrent que des chevaux, des yaks et des porteurs frais soient réquisitionnés auprès de la population locale. Cependant, Rölpe Dorje déclara:

" Je vous prie de ne pas demander quoi que ce soit aux gens, je pourvoirais à tout. On ne devrait jamais accabler les gens. "Malgré cela, la population répondit à la compassion du Karmapa et de nombreuses offrandes lui furent faites. Rölpe Dorje instruisit les gens sur la non-violence et le développement d'une attitude aimante. À ceux qui étaient déjà engagés dans la pratique de la méditation, Rölpe Dorje donna les explications du mahämudrä et des six doctrines. À cette époque, Rölpe Dorje avait lui-même atteint la réalisation de l'atiyoga, le plus sublime des enseignements Nyingma.

Le voyage de Rölpe Dorje lui fit traverser la région de Wu-t'ai Shan où il effectua un pèlerinage aux cinq pics de Manjushri. Là, il rencontra cinq yogins indiens qui lui remirent un bouddha rüpa sculpté par Nagarjuna. Pendant cette période, Rölpe Dorje composa une série de chansons dédiées à Manjushri.

Poursuivant le voyage, Karmapa fut invité à visiter le domaine du Prince Sarigha Sri. Il y  tint un court séminaire au cours duquel il instruisit des courtisans et des membres du public. Rölpe Dorje put également bénéficier la population locale en mettant fin à une invasion de criquets, qui menaçait de détruire les récoltes. En traversant divers petits royaumes, il apaisait des querelles entre factions et assista à la signature de nombreux traités. Il fit don d'une grande partie de sa richesse pour rétablir la paix et construire des monastères. Dans son activité du dharma à cette époque, Rölpe Dorje invoqua Yamantaka, qui incarne l'indestructibilité de l’état d’éveil et qui supprima les obstacles entravant l’activité compassionné du Karmapa. De cette manière, Rölpe Dorje subjugua les esprits locaux et amena ainsi la région en faveur du dharma de la lignée Kagyu.

Un autre événement notable du voyage fut la visite de Rölpe Dorje au célèbre temple "magique" de Sakya Pandita.

À Minyak, Karmapa propagea le dharma et arrangea également qu’un dirigeant qui s'était rebellé contre le khan soit gracié. Sa présence inculqua au peuple une vénération pour le mode de vie non violent.

Enfin, le dix-huitième jour du douzième mois de l'année du rat de fer, la caravane arriva au palais de Tai-ya Tu. L’arrivée de Rölpe Dorje fut largement célébrée par l'empereur et l'impératrice.

Heureusement, l'impératrice donna naissance à un bébé, un fils Maitripala, plus tard le même mois. L'engagement de l'empereur au dharma Kagyu était évident et sincère et Karmapa put donc l'instruire dans la triade vitale des transmissions Kagyu, à savoir Vajrayogini, les six doctrines de Naropa et le mahāmudrā de Tilopa. Rölpe Dorje donna également aux enfants royaux une instruction de base sur les préceptes du Bouddha et plus largement il enseigna les peuples chinois et mongols et des autres ethnies minoritaires de l'empire sur la religion et la non-violence.

En cadeau à son gourou, l'empereur libéra tous les prisonniers et dispensa ses moines de l'étiquette de la cour. Pendant son séjour en Chine, l'activité compassionnée de Rölpe Dorje s'étendit à la guérison des malades et à la lutte contre les conditions climatiques difficiles.

Après trois ans, il fut révélé à Rölpe Dorje dans un rêve que la vie de l'empereur serait courte. En conséquence de quoi il décida de retourner au Tibet, Toghon Temur fut bouleversé par cette nouvelle et supplia son guru de rester, en disant : "Avant que vous ne veniez, tout était coûteux. Maintenant, les choses sont faciles à obtenir. S'il vous plaît restez ici afin que nous puissions répandre le dharma à la manière de Kubilaï Khan et Sakya Phakpa. Je vous en prie pensez-y avec attention. Toutes les factions qui s’étaient opposées à l'empereur sont maintenant pacifiées. J'ai un nouveau fils. Vous êtes un maître chanceux. "

Rölpe Dorje répondit: "Personnellement, je ne possède pas assez de connaissances. Il vaut mieux cesser de faire semblant. Ce que je peux faire, c'est bénir les empereurs en invoquant le principe des trois joyaux et en les enseignant. Toutes mes paroles ont été écrites. Maintenant je dois retourner au Tibet, les moines doivent aller partout où ils peuvent bénéficier aux êtres vivants. Il vaut mieux ne pas être attaché à aucun pays. "

À contrecœur, l'empereur le laissa partir.

Rölpe Dorje partit le premier mois de l'année Tigre de Bois. Encore une fois, son voyage fut consacré à travailler pour le bien-être des habitants des différentes zones traversées. Avec le Sakya lama, Lhachen Sonam Solo, il sauva la vie de condamnés. Puis il traversa Minyak où il construisit un nouveau monastère à Kora et a propagea le dharma.

L'emploi du temps de Rölpe Dorje pendant le voyage était divisé entre des périodes de méditation, d'enseignement d’activité de bienfaisance. Tous les cadeaux qu'il recevait étaient offerts à des individus ou des institutions dans le besoin. Lorsque l‘escorte atteignit la région de Kongio, dans le nord-est du Tibet, elle traversa une zone touchée par la variole. La nuit suivant l'arrivée de Karmapa, les gens dirent qu'ils avaient entendu des bruits sur les toits des maisons. Dans la matinée, Rölpe Dorje déclara qu'il avait mis fin à l'épidémie en se manifestant sous la forme d'un Garuda pour détruire les déséquilibres causant la variole. Karmapa exprima sa surprise devant les affirmations des gens disant avoir entendu des bruits car il a disa que c'était simplement l'activité de l'esprit sans forme.

Rölpe Dorje s'intéressait depuis longtemps à la poésie indienne. À Kongio, il fit un rêve dans lequel Sarasvati, épouse symbolique de Manjushri et incarnation de l'énergie artistique, lui apparut. Sarasvati lui donna un pot de yaourt et lui dit de le boire. Le matin suivant ce rêve, Rölpe Dorje découvrit qu'il avait une nouvelle capacité à comprendre la poésie.

En arrivant dans la région de Tsongkha près du lac Kokonor, le campement de Karmapa fut honoré par les chefs locaux. Rölpe Dorje donna des enseignements et distribua de l'aide aux habitants locaux. Au lac Kokhonor, il composa son fameux texte, "Supprimer les vues erronées". C'est dans cette région que Rölpe Dorje a rencontra un jeune garçon destiné à avoir un effet profond sur le bouddhisme. Il donna au garçon l'ordination laïque et le nom de Kunga Nyingpo. Karmapa avait prédit cela au sujet de l'enfant.

"C'est un saint enfant qui sera très utile au peuple. Par conséquent, il est comme un deuxième Bouddha venu au Tibet."

A cette époque, la princesse Punyadhari de Minyak,  l'une des disciples de Rölpe Dorje, rêvât d'une énorme thangka du Bouddha Sakyamuni, mesurant onze enjambées d'oreille à oreille. En entendant parler de cela, Karmapa imagina une méthode pour réaliser son rêve. Il parcourut une certaine zone de terrain à cheval retraçant le motif de cette image avec les empreintes de sabot de son cheval, les mesures de la figure de Bouddha tracée de cette manière se sont avérées parfaites. Ensuite, l'image fut transférée sur un énorme morceau de soie. En tout, il fallut à cinq cents personnes treize mois pour achever le projet qui représentait également Manjushri et Maitreya de chaque côté de Sakyamuni. Une fois achevée, la thangka fut bénie par Karmapa, et au cours de la cérémonie, des événements de bon augure se produisirent, puis la princesse Punyadhari donna la thangka à son gourou. Plus tard, elle demanda conseil au Karmapa lorsque sa région était sur le point d'être envahie par une armée mongole. Rölpe Dorje, qui avait le courage parfait de la non-violence, invoqua le principe de sagesse et de compassion et l'armée d'invasion s'éloigna de la région. Les gens étaient ravis, Rölpe Dorje resta trois mois pendant lesquels l'atmosphère était imprégnée d'amour et de gentillesse parmi les hommes et toutes les autres créatures.

La vaste activité du Karmapa dans le dharma et le bien-être du peuple attira la jalousie de certains milieux. Des complots furent fomentés pour nuire à Rölpe Dorje, mais rien de significatif ne se produisit jamais. Karmapa suivait lui-même un régime aussi strict dans le camp que dans un monastère traditionnel. Depuis son réveil jusqu'à neuf heures du matin, il se consacrait à ses pratiques spirituelles. De là jusqu'à midi, il donnait des instructions dans le Dharma. À midi, il effectuait des prosternations et de la marche méditative. Tout au long de l'après-midi, il pratiquait la méditation d’Avalokiteshvara et le soir, il étudiait ou composait des textes, consacrant ses nuits à la pratique du yoga du rêve. Rölpe Dorje était en fait végétarien et établit cela comme le régime de base de son camp.

Bien qu'entouré d'intrigues et de ragots, il resta non affecté et impartial. Contrairement à de nombreux sommités religieuses, Rölpe Dorje ne montrait pas un immense plaisir à rencontrer de riches sponsors, mais préférait recevoir de bons méditants. Partout où il allait, il œuvrait assidûment pour le bien-être des autres de toutes les manières possibles, de la construction de ponts à l'enseignement de la métaphysique. Sa carrière illustra les qualités d'un vrai bodhisattva maîtrisant toutes les facettes de l'enseignement du Bouddha.

Lorsque le camp du Karmapa arriva dans la principauté de Nangchen, son indisposition causa beaucoup d'inquiétude. Cependant, il informa les gens qu'il n'était pas encore temps pour lui de mourir. Il déclara en outre qu'il mourrait dans un pays très ouvert avec de nombreux cerfs et chevaux sauvages. "Si je tombe malade dans un tel pays, déclara Rölpe Dorje, alors ne perdez aucun de mes livres ", puis le groupe se rendit au monastère de Karma Gon, où il enseigne aux moines.

Karmapa demanda à ses disciples de prendre avec eux du bois de genévrier lors des prochaines étapes du voyage. Il leur dit que c'était la coutume en Chine d'utiliser du bois de santal ou de l'agar pour constituer un bûcher funéraire pour une personne respectée, mais comme le Tibet n'avait pas ce type de bois ils devraient utiliser du bois de genévrier. Lorsque le groupe atteignit Nãkchu, l'un des moines se cassa la main. Cela fut considéré de très mauvais augure.

Pendant cette période, Rölpe Dorje parlait à ses étudiants et assistants de la nature vicieuse du samsara et de l'incapacité généralisée des gens à suivre le dharma.

Il dit: "Il vaut peut-être mieux démontrer la vraie nature de la réalité,  qui est l’impermanence."

Un de ses élèves, Rekarwa, se rendit compte que Karmapa faisait référence à sa propre disparition imminente et le supplia de ne pas mourir. Cependant, tout le monde dans le camp se moquait de lui.

Par la suite, l’escorte du Karmapa installa un camp dans les plaines arides du nord du Tibet. Des signes de mauvais augure furent observés dans le camp et Karmapa lui-même fit des commentaires indirectes à leur sujet. La nuit de la pleine lune du septième mois de l'année du cochon d'eau femelle (1383 de notre ère), Rölpe Dorje tomba malade.

Il posa son regard dans l'espace et récita la « Prière de Samantabhadra ». Puis en méditation, juste avant le lever du soleil, il décéda. Les circonstances entourant sa mort furent marquées par d'étranges événements atmosphériques qui symbolisaient pour les gens, les dakas et les dakinis saluant Rölpe Dorje. De nombreuses personnes à travers le Tibet, ayant des liens personnels avec lui, le virent se manifester à eux de diverses manières. Les cendres de Rölpe Dorje furent apportées au monastère de Tsurphu et consacrées comme reliques.

Parmi les principaux étudiants du Karmapa Rölpe Dorje figuraient Shamar Kachod Wangpo, Drigung Chokyi Drakpa et Lobzang Drakpa Tsongkhapa.

 

Traduit du Receuil d'hagiographies des Seize Vies du Karmapa rédigé par le
Très Vénérable Karma Trhinley Rinpoché